L’évolution du drive dans le monde et en Europe
Véritable révolution dans la manière dont les consommateurs font leurs achats, le concept du drive est rapidement parvenu à conquérir l’Europe. Du premier drive français à l’époustouflante croissance du drive en période de crise sanitaire, le développement de ce concept a été marqué par des évolutions constantes, soutenues par les progrès technologiques et par l’évolution des habitudes de consommation.
Revenons sur ce concept novateur, de ses premiers pas en Europe aux enjeux du drive de demain.
Le concept de drive et ses origines
Le drive apparaît pour la première fois aux États-Unis, dans les années 1940, suite à l’émergence des premiers services de restauration rapide. Pour s’adapter aux besoins des consommateurs pressés, certaines entreprises proposent un service unique pour l’époque : la possibilité de passer commande depuis sa voiture, et de recevoir son repas sans quitter son véhicule. C’est le lancement du “drive in”, un modèle qui influencera la conception des services de drive actuels.
Le concept de drive tel que nous le connaissons aujourd'hui ne prend pour autant réellement son envol qu’à partir des années 1990, qui marquent l’avènement d’Internet et de l’e-commerce. Son but : permettre au consommateur de réaliser ses achats en ligne et de retirer sa commande dans un espace dédié, sans avoir à effectuer ses courses en magasin.
De ce concept, 3 modèles de drives voient le jour :
Le “drive out” et son point de retrait qui ne se situe pas à proximité du magasin.
Le “drive in”, qui fait référence à un point de retrait accolé au magasin, qui dispose de son propre stock.
Le “point de retrait magasin”, qui permet de retirer ses achats en boutique, avec des produits issus du magasin.
L’atout pour le consommateur tient principalement dans la flexibilité des retraits, cette option permettant également d’importantes économies en comparaison des frais associés aux services de livraison à domicile.
Le développement du drive en Europe
Malgré ses avantages évidents, il faut attendre le début des années 2000 pour que ce concept se développe en Europe. Il fait sa première apparition en France le 21 juin 2000, sous l’impulsion du groupe Auchan. L’idée, commander des produits lourds et encombrants à partir d’une borne dédiée, pour un chargement effectué directement dans la voiture du client; un service proposé aux consommateurs du nord de la France pour la somme de 10 francs, qui prendra rapidement le nom d’Auchan Express.
Vient ensuite l’enseigne Chronodrive, qui profite du développement d’Internet pour proposer en 2004 le premier drive associé à la commande en ligne. Quelques années plus tard, c’est l’entreprise E. Leclerc qui se lance à l’assaut du drive, créant le premier drive de l’enseigne en 2007, à Roques-sur-Garonne. S'ensuit l’ouverture de nombreux drives E. Leclerc, l’enseigne passant de 65 drives à la fin 2010 à 271 points de vente en 2012, pour un chiffre d’affaires qui frôle alors le milliard d’euros.
Une véritable course au drive voit le jour, notamment propulsée par l’augmentation de l’utilisation des smartphones, qui facilite l’expérience des consommateurs. En 2012, la part de marché du drive était de 2%, contre 6% à la fin de l’année 2019. (1)
Au-delà des frontières françaises, d'autres pays européens ont rapidement suivi le mouvement, adaptant le concept de drive à leurs propres marchés. Le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie ont tous connu une croissance significative du nombre de points de collecte et de services de drive au cours des deux dernières décennies. Au niveau mondial, le drive a poursuivi son évolution au-delà des supermarchés et de la restauration rapide. De nombreux secteurs, y compris l'industrie de la mode, de l'électronique et même de la pharmacie, ont adopté ce modèle qui perdure aujourd’hui.
Le drive aujourd’hui : tendances actuelles et enjeux
Ces dernières années, le drive s’est considérablement développé suite à la pandémie de COVID-19, qui a bousculé les habitudes des consommateurs français. Cette demande croissante du drive concernait aussi bien les grandes surfaces que les entreprises non essentielles, lourdement impactées par les périodes de confinement. Afin d’être en mesure de proposer leurs services tout en appliquant les normes sanitaires, de nombreuses enseignes se sont tournées vers la méthode du drive, ce qui se traduit par une croissance de l’utilisation du drive de 50% en 2020, selon Michel-Édouard Leclerc.
Au total, le drive représente 8,3% du commerce alimentaire en 2020, ce qui équivaut à plus de 9 milliards d’euros. (1) En effet, cette même année, 46% des consommateurs français font le choix du drive pour leurs achats de grande distribution, un taux en hausse de 22 points par rapport à 2018. (2)
En 2021, la croissance du drive se poursuit en France, avec l’ouverture de 497 nouveaux drives alimentaires. De nombreux commerces non alimentaires profitent de cette tendance pour développer leurs propres drives, des magasins King Jouet en passant par Leroy Merlin, jusqu’aux petits commerces de bouche, qui tentent de séduire les nouveaux adeptes du click and collect.
Bien que la croissance du drive se soit stabilisée ces deux dernières années, le taux de pénétration du circuit reste largement supérieur aux niveaux de 2019. De nombreux consommateurs ont conservé l’habitude des achats en ligne et des retraits en magasin ou en drive, séduits par la flexibilité de ces nouveaux modes de shopping, ce qui incite les enseignes françaises et européennes à accroître le développement et l’amélioration des services de drive, en mettant l’accent sur l’automatisation des retraits et sur le développement du retrait piéton, l’un des enjeux principaux du drive pour les années à venir.
1. Yves Puget. Tous les chiffres du drive en France. LSA Focus. 2021;4. Consulté le 14 novembre 2023. https://www.lsa-conso.fr/tous-les-chiffres-du-drive-en-france-lsa-focus-avril-2021,378738
2. Le consommateur omnicanal en grande distribution - portrait et pratiques en 2020. Enquête Harris Interactive x Budgetbox. 4 novembre 2020. Consulté le 14 novembre 2023. https://harris-interactive.fr/opinion_polls/le-consommateur-omnicanal-en-grande-distribution-portrait-et-pratiques-en-2020/